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Du Débutant amateur au professionnel en difficultés

PRESTATAIRE indépendant  DE FORMATION PROFESSIONNELLE

 Déclaration Préfecture de Région ILE-DE-FRANCE N°11770687577 attribué sur dossier professionnel complet. 

Ne vaut pas agrément de l'Etat. Devis/Facture, Contrat de Formation Professionnelle,  Convention (Art. L.6313-3 et suiv. du CT)

(Demandes de financement notamment auprès de l'AFDAS et FIFPL) 

Adhérente à l 'ASCORF

Francis POULENC - La voix humaine (Extraits)

Graziella GONZALEZ (Chant)

Richard ANDERSON
(Piano)

 

Graziella GONZALEZ, 

Un parcours atypique

Un parcours du combattant,

mais d'une grande richesse,

à la base de tout son enseignement

POURQUOI exposer son parcours ?

En premier lieu, par honnêteté, par conscience professionnelle, par respect des élèves chanteurs, pour partager humainement cette expérience si particulière, et apporter les éléments expliquant certaines certitudes quant à son approche, diamétralement opposée à l'enseignement traditionnel et destructeur dans 99 % des cas.

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Tout ce que Graziella décrit, elle l'a retrouvé quasiment dans tous les parcours, dans tous les propos tenus par les élèves chanteurs qu'elle a côtoyés, que ce soit dans la quête du "professeur", que ce soit dans les dégradations vocales qu'elle a détectées, que ce soit dans leur incompréhension quant aux explications "vagues" voire "très vaseuses" et souvent incohérentes, données par les professeurs auxquels ils ont eu affaire, très connus ou moins connus, ayant "pignon sur rue", bardés de prix, de Certificat d'Aptitude, enseignant en privé ou en Conservatoires !

Il suffit de flâner dans les couloirs, d'écouter aux portes des salles de cours ou studios de location destinés aux répétitions ou cours privés pour se rendre compte !   Cela va des miaulements de chat, aux hurlements proches de cris d'horreur !

En second lieu, pour donner un espoir à tous ces élèves chanteurs qui se désespèrent, mais aussi mettre en garde, ceux qui font une confiance aveugle, ne se rendent pas compte de l'ornière dans laquelle on les engage,  ou pensent que "c'est normal" parce qu'ils "n'ont pas encore l'habitude".

 

Pour faire comprendre, que ce n'est pas parce que l'on fait ou a fait une (grande) carrière que l'on sait enseigner !

En quatrième lieu, pour ces chanteurs qui, malgré des résultats obtenus, "ruent dans les brancards" à la moindre difficulté, parce qu'ils n'ont finalement rien compris à ce qu'est un travail de recherche physiologique .

La naissance curieuse d'une voix de femme

Jusqu'à l'âge de 10 ans, Graziella a une voix parlée grave, pour ne pas dire "laryngée", "gutturale". Chanter lui est pénible : elle chante avec cette même voix grave comme un garçon et atteint difficilement le la du diapason !

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Graziella vient d'avoir 10 ans, que Dame Nature a décidé de fêter à sa manière !

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En l'espace de huit jours, Graziella "mue" en quelque sorte, passant de cette voix grave chantée de garçon, à une voix de soprano léger, au médium, petit, avec une jolie couleur, mais avec une quinte aigüe "éclatante", à la stupéfaction de Simone BERNARD, son professeur d'Éducation Musicale au Cours Moyen : pour la première fois de sa vie, elle obtient un 10/10 en Chant !

 

"Pourquoi n'as-tu pas chanté comme ça, avant ? C'est comme cela qu'il faut faire ! Je ne veux plus entendre autre chose maintenant !", s'exclame Simone BERNARD, élève de Marthe MORHANGE et d'Alfred CORTOT, lorsqu'elle arrive le soir à la maison, puisqu'elle est également son professeur de piano et de solfège.

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Lorsqu'elle rentre au Lycée, en 6ᵉ, quelques mois après, son professeur de musique, Mademoiselle Loup, veut faire apprendre à la classe le célèbre "Chœur des enfants" de Carmen.

Se basant sur la voix parlée de Graziella qui est restée grave, elle la place avec les... Basses.

La semaine suivante, Graziella signale qu'elle ne peut pas chanter : c'est trop grave, cela lui fait mal !

Dubitatif, le professeur accepte de la changer de voix, et la met avec les Alti !

Huit jours après, Graziella se plaint de nouveau et finit par obtenir d'être mise avec les Soprani !

À la surprise de tous, on n'entend plus qu'elle !

Première audition de Graziella par Carlos

Quelque temps plus tard, sur l'insistance de Jeanne, sa grand-mère qui, ayant une jolie voix de mezzo, à 17 ans, s'était vu proposer un contrat pour "Les Noces de Jeannette", son père entend, pour la première fois, chanter Graziella qui s'accompagne au piano. Mais ne connaissant pas les voix féminines, il se moque gentiment de ce qu'il appelle une « petite voix de crécelle ».

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Complexée par cette voix si différente de sa voix parlée et qu'elle ne retrouve chez aucune de ses camarades de classe, Graziella, qui a été marquée par la moquerie de son pèrechanteur et violoniste qui lui fait répéter son solfège, ne chante que lorsqu'elle est seule pendant quatre ans,, pour accompagner les œuvres qu’elle travaille au piano puisque, entretemps, malgré l'extrême petitesse de ses mains, elle a été admise au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Elle a toujours conduit les phrases musicales avec une respiration vocale.

Deuxième audition de Graziella par Carlos

Vers ses 15 ans, sa mère, Archalouys (Lumière du monde, en arménien), ayant entendu aux côtés de son Epoux, Carlos, les plus grandes voix lyriques internationales, au "poulailler" de l'Opéra Garnier comme de l'Opéra Comique, où ils étaient quasiment tous les soirs, insiste pour qu'il réécoute Graziella, et lui demande de faire semblant de repartir, et de revenir sans faire de bruit, car elle a remarqué que leur fille se met à chanter dès que son père est sorti.

Surpris, Carlos se prête au jeu.  Ce qu'il entend le convainc qu'effectivement, il y a un bel organe vocal, un timbre magnifique.

 

Cependant, par mesure de précaution, il décide alors d'attendre que Graziella ait atteint ses 16 ans pour la prendre en main, mais dans le seul but de la préparer pour auditionner devant des chanteuses professionnelles, car dans son esprit, "il ne connaît pas le fonctionnement de la voix féminine",  il vaut "mieux travailler avec une femme" et n'est "pas devenu professionnel".

En conséquence, il demande à Graziella de ne plus chanter tout ce qu'elle joue au piano, et principalement, tout ce qui est aigu, car ce n'est pas écrit pour la voix. Il veut éviter qu'elle ne se fatigue, car, pour l'instant, elle chante naturellement, instinctivement, sans aucune notion technique !

Quand Carlos prend vocalement en main Graziella, à titre "préparatoire"

Carlos ne sait pas vraiment comment il va s'y prendre avec cette jeune voix féminine, mais il a été à si bonne école avec l'immense Charles CAMBON !

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Musicien inné, comme toujours, il suit son instinct et son oreille. Son fil conducteur : la recherche du fonctionnement physiologique du larynx. Donc, pas de déformation faciale, donc, respect de la morphologie faciale, recherche d'une respiration physiologique, de la souplesse par un équilibre sonore du grave à l'aigu par un équilibre sonore, de la pureté du son, de l'émission des aigus avec aisance et qualité des sons, de l'équilibre entre chaleur et timbre (pas de timbre excessif), du legato, de la formation des consonnes et de la souplesse de la diction ... 

 

Il explique, montre l'exemple, partant de sa voix grave et, sans aucune ficelle, sans aucune déformation faciale, les ondes se mélangent graduellement, lui permettant d'atteindre les contre-mi, contre-fa, contre-sol, et même, le contre-la, sans aucun passage !

C’est ainsi que, six mois après, muni d’un enregistrement sur bandes magnétiques de Graziella (Lakmé, Gilda et d'un chant tzigane sur un 33 tours, composé pour elle, par le père d'une amie du Conservatoire de Champigny/Marne, guitariste ayant côtoyé Django Reinhart), il se rend à Besançon pour avoir l’avis de Madame CAMBON, avec laquelle il est toujours resté en relation. 

 

Immédiatement, frappée par la facilité technique et la couleur de voix "exceptionnelle" de Graziella ("Ah vous aimez Lily PONS", dira un ami,  fan de cette chanteuse, en arrivant dans la famille, ne se rendant pas compte qu'il n'y avait pas d'orchestre en fond sonore et que donc, il ne pouvait s'agir d'un disque),  Madame CAMBON l'introduit immédiatement auprès de Janine MICHEAU.

Aussitôt après l'avoir auditionnée, Janine MICHEAU félicite Carlos : " C'est extraordinaire ! Une voix sans défaut après six mois de travail, je n'ai jamais vu cela de toute ma carrière !", et échafaude déjà un plan de carrière : " Nous sommes en avril. Je la fais travailler jusqu'au concours d'entrée. Elle aura 17 ans en octobre, je la prends dans ma classe au Conservatoire de PARIS. Elle a son Prix dans trois ans. Après je m'occupe de tout. Elle rentre à l'Opéra du Rhin, structure que je suis en train de mettre en place avec le Ministère de la Culture, et sa carrière est toute faite".

Mais cela ne se passe pas comme il l'espérait, car Graziella, sous une apparence timide, a un fort caractère, et même si elle "rue dans les brancards" quand il la fait travailler, à cette époque, elle ne sait qu'une chose : elle ne comprend pas ce que cette immense chanteuse lui demande de faire, pas davantage ses explications et encore moins, ce qu'elle lui montre en chantant. Elle en perçoit juste la beauté sonore qui satisfait pleinement sa musicalité innée.

Comme d'ailleurs, elle ne comprend aucune voix de soprano qui, pour elle, relève du domaine de l'irréel : elle ne sent pas ce qu'il se passe. Son larynx ne perçoit ce qu'il se passe techniquement que lorsqu'elle écoute les voix graves d'hommes et de femmes !

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Rien. Elle ne sent rien, ne comprend rien aux voix aigües, et pourtant, elle écoute les plus illustres, ce qu'elle appellera plus tard, la "véritable élite" ! 

 

Sa première expérience de Schubert, avec son père, a été une catastrophe ! Impossible de prononcer le moindre mot : elle n'arrive pas à former les consonnes comme son professeur le demande. Impossible de réaliser les sons qu'elle voudrait pour l'interprétation !

 

Elle pleure en écoutant Gundula Janowitz : c'est cette perfection sonore qu'elle recherche, mais elle est persuadée qu'elle n'y arrivera jamais !

 

Malheureusement, elle a été placée d'office dans cette catégorie, sous le prétexte qu'elle n'avait que les aigus ! D'ailleurs, elle trouve sa voix ridicule dans son bas médium : elle se sent "coincée" dans cette fichue voix de tête, et il lui semble que conserver une pure voix de tête en descendant, comme le fait la majorité des chanteuses qu'elle entend, n'est pas sa vérité !

Par contre, lorsque Carlos lui montre l'exemple, en partant de sa voix la plus grave pour atteindre les contre-sol, et même contre-la, tout semble "couler de source", simplissime. Et surtout, même si elle n'arrive pas à le faire, elle comprend, sent ce qu'il se passe ! 

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Ou, du moins, elle entend ce qui, en tant que musicienne innée, lui paraît techniquement et musicalement logique, cohérent à son oreille, et surtout, à son larynx qui, par mimétisme, se met immédiatement en fonction dès qu'il "entend" des sons : Quand Carlos montre, il se sent bien.

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Son larynx sent ce qu'il se passe, ou plus exactement ce qu'il ne se passe pas. Elle sent que, graduellement, les ondes de poitrine, se "mixtifient" avant de disparaître totalement, remplacées par les ondes de tête : d'où l'absence totale de ce maudit passage qui la paralyse et lui créée ce complexe. 

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Elle sait que son professeur a raison : le fonctionnement physiologique est là, bien en évidence ! Mais en acquérir la maîtrise est une autre histoire !

Puisque Graziella vient, en matinée, à la classe de piano, toutes les semaines, Janine MICHEAU l'invite à venir ensuite assister à sa classe, qui a lieu l'après-midi, en attendant son propre entrée, en octobre.

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Et là, tout va basculer pour une simple réflexion malencontreuse concernant un contralto japonais (dont elle perçoit immédiatement la beauté de son grain de voix, de la chaleur de cette voix dans une mélodie de Roussel)"Tu vois, Graziella, c'est une voix magnifique, mais je suis en train de l'esquinter, car il lui faut un si b pour obtenir son prix, alors que le reste de la voix n'est pas posé"

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Déjà, elle ne comprend pas, parce que les grave et médium lui semblent au contraire magnifiques, à en avoir des frissons le long de la colonne vertébrale, tant la voix est somptueuse ! Mais elle voit un visage qui se déforme en montant, la chanteuse qui s'essouffle, devient bordeaux, et les aigus qui "crient", "s'étranglent".

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Aucune imitation de ce qui est fait, aucune explication quant à la raison, ni comment corriger. Pourtant, il ya un peu de temps pour ce faire. L'élève recommence plusieurs fois, et repart sans qu'aucune "clef" ne lui soit donnée.

 "Si son bas de voix n'est pas posé, il faut commencer par là !" se dit-elle. Donc, ce n'est pas normal !

Or, avec son père, pas question de "pousser à coups de souffle", d' aigu "casse-oeuf" comme il dit.

Une voix s'abîme pas ses extrêmes, graves ou aigus, s'ils sont mal émis.

 

Tout est expliqué, détaillé, montré. Et si les séances de travail commencent vers 17 h ou 18 h (le matin étant consacré au piano), cette recherche peut durer, pour un seul son, jusqu'à une heure du matin !

 

Deux tempéraments de feu qui se mesurent ! Après une bonne crise de larmes qui permet à Graziella de lâcher prise, de se détendre, et du premier coup, comme par enchantement, de sortir le son parfait attendu depuis plusieurs heures !

 Forte de ses certitudes acquises avec l'enseignement de son père que la grande Janine MICHEAU a chaudement félicité pour les résultats exceptionnels obtenus, et d'autant qu'elle ne comprend pas ce qui lui est demandé, elle pense que c'est trop tôt pour entrer au Conservatoire. Elle a peur pour sa voix et ... se sauve.

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Ce qui aura des conséquences dramatiques, quelques mois plus tard.

Graziella, convaincue que ce n'est pas la peine "d'aller voir ailleurs". Bien évidemment, Carlos reprend la main, mais n'en démord pas : il n'est pas professeur de chant professionnel, il faut une femme et le travail en famille…

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La voix de Graziella commence à s'étoffer.

Quelques mois plus tard, un ancien camarade du Conservatoire de Champigny/MarneJean-Louis DOYEN (qui deviendra Premier Alto de l'Opéra de Monaco), demande conseil à Guy FERCHAUX,  Historien de la Musique connu et son professeur au Conservatoire de Région de Saint-Maur.

C'est ainsi que Graziella se retrouve avec une très grande chanteuse wagnérienne française, Marcelle BUNLET, la seule chanteuse française invitée à Bayreuth, après Germaine LUBIN. La voix chante pour Lille et Marseille à la fois, tant elle bouge. Finalement, comme beaucoup de chanteuses wagnériennes, à l'exception de ce qu'elle appelle l'élite". Mais, la cantatrice est âgée : cela pouvait être "normal". 

 

Là encore, Carlos est félicité pour la qualité du travail vocal technique, à tel point qu'elle insistera pour qu'il assiste aux cours, afin de la faire travailler à la maison.

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Particulièrement intéressée par la voix de Graziella, les cours d'une heure se prolongent pendant trois, voire quatre heures .

 

Cours durant lesquels elle lui fait ouvrir la bouche à outrance en hauteur,  "chanter comme une femme maintenant" et hurler des contre-mi, tellement insupportables que Carlos décide de ne plus y assister sous le prétexte de son travail, de la "laisser se débrouiller seule avec son professeur"et de "la réécouter dans six mois ".

 

Le résultat ne se fait pas attendre. En moins de trois mois, Graziella se plaint d'élancements à la partie supérieure du larynx (comme des "coups d'aiguille"). A l'évidence, la voix s'est détimbrée, un double son est apparu ("roulette"), et la voix  "grelotte !

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Elle ne sait plus comment, Graziella se retrouve avec Ginette GUILLAMAT, soprano à Radio-France, dont les enregistrements démontrent qu'il s'agissait d'une belle chanteuse. Elle l'auditionne dans un "Pie Jesu" mémorable !  C'est une chèvre : ce n'est pas un vibrato, c'est un grelottement, un chevrotement, un bêlement !

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Le verdict est sans appel : après trois semaines de cours durant lesquels Graziella ne comprend rien aux quelques explications données et pas davantage, aux exemples montrés, d'autant que la voix du professeur est "fatiguée", Ginette GUILLAMAT conseille d'aller voir un Laryngologue, car elle pense à un "déséquilibre du larynx" puisque au bout de cette période, le voile et le chevrotement n'ont pas disparu !

Diagnostic confirmé par Louis WICART, Laryngologue et Cancérologue, fils d'Alexis WICART, Laryngologue attitré de l'Opéra Garnier, qui, nullement surpris, révèlera que cette immense chanteuse a, dans la réalité, fait une "très brève carrière qui a duré environ 7 ans, s'étant très vite abîmée vocalement", et qu'elle "a massacré des voix pendant 40 ans au Conservatoire de... " ! (en fait, à l'exception d'une soprano qui a fait une jolie petite carrière)

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C'est durant la période de traitement que Graziella assiste aux échanges entre son professeur et Louis WICART,  en plein accord sur l'importance du respect du fonctionnement physiologique du larynx et quant à l'enseignement du chant à réformer en France, nécessité impérieuse sur laquelle son père avait écrit différents ouvrages 

Louis WICART conseille à Carlos d'être très prudent : "les cordes vocales sont exceptionnellement épaisses pour son âge (18 ans). Attention, ce sont des cordes d'alto par leur épaisseur, et de soprano par leur longueur, car elles sont courtes. Avec la rééducation, elle peut aussi bien se révéler être un alto qu'un soprano grand lyrique, mais certainement pas soprano léger. En France, pour les professeurs, si vous n'avez pas de grave, c'est parce que vous êtes un soprano léger ; si vous n'avez pas d'aigu, c'est parce que vous êtes mezzo "

Première rééducation vocale avec Carlos, et la rupture

C'est bien évidemment Carlos qui va s'attaquer à la ré-éducation vocale de Graziella, demi-ton par demi-ton, pendant près de cinq ans, avec tout le désespoir que cela a engendré chez Graziella, en suivant scrupuleusement le fonctionnement physiologique du larynx et l'évolution de la voix, sans rechercher le timbre ou la puissance vocale.

 

Carlos "traque" le moindre son qui n'a pas toutes ses qualités.

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C'est très dur moralement et Graziella finit par "craquer" : elle envoie balader Carlos, et arrête tout pendant trois ans !

 

Période extrêmement douloureuse, durant laquelle Graziella se déconnecte totalement de tout ce qui a un rapport avec le chant : elle ne va plus à l'Opéra ni aux récitals, ne regarde plus aucune émission à la télévision, n'écoute plus un disque, ne chante plus .

 

Passionnée par l'enseignement, elle se consacre uniquement au piano, à ses élèves, et continue ses recherches d'un enseignement pianistique sur une base physiologique des gestes à partir des images enregistrées dans sa mémoire, de son Maître, Pierre SANCAN.

 

Le comble : c'est à partir de ses recherches en s'inspirant de l'enseignement de Carlos, qu'elle "refond" chaque exercice de la célèbre méthode "Le petit clavier" de Marthe MORHANGE, lui permettront non seulement, d'obtenir des résultats spectaculaires, "professeur hors pair", "professeur d'exception" témoignent de nombreux élèves, mais, pour ce qui la concerne, elle dont la petitesse des mains a été un véritable handicap (car toutes les œuvres imposées au CNSM de Paris, étaient trop grandes), d'être sélectionnée à des Académies internationales en Suisse et en Italie, avec Jean-Bernard POMMIER et Jean-François ANTONIOLI, parmi de nombreux pianistes venant des États-Unis, du Japon, du Canada, de Suisse, de Taïwan, de France, faisant déjà carrière ou ayant des prix de Conservatoires équivalant à celui de PARIS,

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La reprise avec Carlos, "sous condition"

Mais ne plus chanter la poursuit jusque dans ses rêves, plus exactement cauchemars desquels elle se réveille en larmes. 

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Deux tempéraments de feu, la rupture a été "tempétueuse" avec Carlos : elle n'ose lui demander de reprendre. C'est la plus jeune sœur de sa mère, Marguerite à laquelle elle se confie, qui intercède auprès de Carlos qui, bien évidemment, accepte, mais à une seule condition : plus de "ruade dans les brancards"

Plus  la rééducation vocale progresse, plus la voix de Graziella baisse en tessiture, au point d'être amenée à travailler techniquement quasiment dans la tessiture de contralto de Katleen FERRIER (Cantates, Passions, Messe en si mineur de Bach, Lieder de Schubert, Brahms, Dalila) dans laquelle elle se sent particulièrement bien, sans jamais aucune fatigue.

Bien au contraire : plus les séances s'allongeaient, et mieux elle se sentait, plus elle était heureuse de chanter : 

La voix retrouve sa souplesse, son timbre souple, sans effort, et s'étoffe dans les graves et médium qui se mixifient .

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Plus les séances sont longues, plus la voix s'amplifie de façon naturelle, et plus Graziella se sent bien., ne ressentant aucune fatigue musculaire, mais comme un merveilleux massage, Graziella ne veut plus s'arrêter de travailler ! 

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Elle perd ses aigus, ne dépasse plus le mi aigu (fa aigu étant "limite"), se demandant quel répertoire mettre en place !

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Ce qui correspondait bien aux possibilités évoquées par le Docteur Louis WICART 

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Et un jour, subitement,  sans l'avoir jamais cherché, sans avoir jamais retravaillé au-dessus du fa aigu, un déclic se produit: Graziella retrouve sa quinte aigue, donnant plusieurs contre-ut avec facilité, comme si le travail s'était fait dans le subconscient !

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C'est à ce moment précis qu'elle a compris comment fonctionnait un soprano !

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Carlos qui tient à confier sa fille à une chanteuse professionnelle, a retrouvé Madame de BERRY LEBOURG (dont il n'a jamais connu le nom de scène, soprano soliste de la troupe de la Scala de Milan), estimant qu'elle lui avait beaucoup apporté. Il l'avait quittée, ne voulant pas "faire de l'opérette, en attendant que la voix monte".

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Le passage fut très bref : le cours s'est terminé par une fatigue musculaire intense (langue et larynx) et un enrouement s'ensuivit après une heure consacrée à rabâcher des exercices de placement de la langue, sans aucune explication technique pour l'aider à corriger ses erreurs, alors qu'elle ne se sentait pas bien.

 

Graziella refuse de continuer : décidément, le seul professeur, digne de son nom, est son père !

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Excellents exercices au demeurant, d'ailleurs proches de la langue russe, pour le placement de la langue, effectivement, mais, comme Graziella le comprendra plus tard, à condition que le larynx soit bien placé physiologiquement, afin de pouvoir effectuer tout naturellement, ses trois mouvements de base.

Quelque temps après, après audition, elle est acceptée, la même année

 

- dans le Chœur de Pierre MOLINA  (Paris XIII) et participe à la Messe en si mineur de J. S. BACH et à la Missa Criolla de RAMIREZ. Elle abandonnera en raison des horaires trop tardifs

                                                         

- à deux stages d'interprétation :

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l'un, avec Cathy BERBERIAN et Ivry GITLIS, grand violoniste d'une gentillesse et d'un humanisme extraordinaire, qui échangent leurs stagiaires, et avec lequel elle comprendra bien mieux, car, finalement, Carlos lui apprend à conduire sa voix comme un archet sur les cordes, comme un félin

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l'autre, avec Gabriel BACQUIER, dont un ami laryngologue, présent, lui fait observer n'être pas persuadé que Graziella est soprano : pour lui, les aigus ont une "facilité trompeuse", et qu'il la préfère dans Charlotte de Werther

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Graziella en conserve le souvenir mémorable de la prestation de Gabriel BACQUIER faisant travailler, à une stagiaire, une mélodie de SATIE, "Je te veux", qu'il avait transformée en véritable tableau scénique d'opéra... un vrai régal, mais démoralisant devant un tel niveau de créativité scénique !

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Gabriel BACQUIER que Graziella intéresse par la qualité du timbre de la voix et son aisance interprétative, la dirige vers une amie chanteuse, belle chanteuse, Michèle COMMAND.

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Une heure de cours à travailler sur le grave : Graziella en sort la voix parlée comme chantée, fatiguée.

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Enrouée pendant 48 h, Graziella ne retente pas l'aventure.

Ensuite, il lui faudra encore batailler pour que l'on cesse de la classer comme un soprano aigu, à lui faire donner 17 contre-ut  tant cela paraissait facile, et obtenir qu'on l'écoute enfin dans Fiordiligi ainsi que dans le rôle intégral de Charlotte de Werther, créant la surprise !

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A batailler contre certains professeurs qui voulaient la "récupérer" à tout prix, alors qu'un cours d'une heure la rendait quasiment aphone, qui se "calmèrent", car certains furent assez odieux, et préférèrent qu'elle continue à travailler avec son père plutôt qu'il ne la confie à Jane Berbié, beau mezzo français, comme il l'envisageait, et chez laquelle Graziella disait sentir parfaitement ce qu'elle faisait !

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C'est à ce moment-là, que, écœurée par la méchanceté parce qu'elle refusait de travailler en privé avec certains, passant de la "voix magnifique" à  "tu ferais mieux de rester derrière un piano ; tu es une excellente pianiste et un excellent chef de chant comme on a pu le constater ; si tu veux, je téléphone immédiatement et je te trouve un poste", elle décida de se présenter à l'École Normale de Musique de Paris où elle fut auditionnée par le Sous-Directeur, Monsieur MANSART, qui la plaça d'emblée en 6ᵉ Division, déclarant : "Si vous chantez comme cela avec une angine, qu'est-ce que cela doit être en tant normal !"

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Que Madame Anick SIMON, la catalogua comme "voix très longue, difficile à faire travailler et à comprendre en France", hésitant entre soprano lyrico-dramatique et mezzo mozartien, car la voix était très souple, lui conseillant de travailler "Amalia" du Bal Masqué,

 

que Michel ROUX Baryton de l'Opéra de Paris, cher à son coeur, car croyant en elle, il l'avait soutenue sans relâche entre 1996 et 1998, l'aidant à surmonter les conséquences d'un choc émotionnel intense qu'elle avait subi en 1991, et l'avait distribuée dans "Il matrimonio segreto" de Cimarosa (Fidalma) qu'il voulait monter.  L'entendant travailler "Adalgisa" aux Muses Galantes (où avaient lieu les répétitions), il lui suggéra de penser à Charlotte de Werther, avec laquelle d'ailleurs, après avoir eu du mal à assumer cette voix plus grave, elle se présentera en 1999 et obtiendra son Diplôme de Mise en scène lyrique, malheureusement, après sa disparition.

 

Qu'après le succès au Festival Lyrique de Caunes en 2005, Richard ANDERSON, Chef d'orchestre américain, en poste au Théâtre Görlitz, à Berlin, avait commencé, outre La Voix humaine, les répétitions avec Graziella pour une "Soirée à l'italienne" programme d'airs, duos et Trios (soprano, mezzosoprano et Ténor) avec mise en scène, comprenant Le Bal Masqué, La Gioconda et il Trovatore    

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Sans cet extraordinaire professeur qu'était son père, et sans le soutien de Michel ROUX, magnifique baryton de l'Opéra de PARIS, qui avaient longuement discuté en 1997, convaincu de l'excellent travail effectué et que Graziella avait un avenir vocal, car, en plus, "c'est une battante" disait-il, elle n'aurait pu reprendre confiance, et, finalement, donner des concerts de qualité comme en font foi deux articles de presse et les échos de concerts, et être le professeur apprécié au regard des nombreux avis émis .

Sa façon rigoureuse, pointilleuse, cette recherche physiologique du geste, du son parfait, parfois très difficile à supporter, car cela demande un effort de rigueur et d’acceptation de prendre son temps, a fait de Graziella le professeur qu’elle a été non seulement en tant que pianiste ainsi qu’en attestent de nombreux témoignages, mais également en tant que chanteuse, dont font foi les échos sur le professeur ainsi que les vidéos comparatives d’élèves ou stagiaires .

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